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Jiddu Krishnamurti

1895, Madanapalle (Madras) - Ojai (Californie), 1986

" Il est impossible d′être à soi-même sa propre lumière si l′on est pris dans les ténèbres de l′autorité, du dogme, des conclusions. "

" Pour comprendre le sens de la vie, de ses conflits et de ses douleurs, il nous faut penser indépendamment de toute autorité, y compris celles des religions organisées. " 

Issu d′une famille de brahmanes pauvres de l′Inde du Sud, Jiddu Krishnamurti perdit tôt sa mère et fut adopté à l′âge de 13 ans par Annie Besant, présidente de la Société Théosophique d′Adyar. C.W. Leadbeater, grand occultiste et théosophe de haut rang aux prétentions de clairvoyance croisa Krishnamurti et fut stupéfié par la " plus merveilleuse aura qu′il ait jamais vue, dépourvue de toute particule d′égoïsme ". Annie Besant vit alors en lui le futur " Instructeur du monde ", réincarnation des grands maîtres spirituels du passé. À 16 ans, Krishnamurti dirigeait l′ordre international de l′" Étoile d′orient " fondé par Annie Besant qui envoya son protégé compléter ses études à Oxford et à Paris. Mais le jeune homme refusa le rôle messianique que l′on voulait lui faire jouer. En 1929, lors de son discours d′Ommen, il dissout l′ordre de l′Étoile et déclare qu′ayant atteint par lui-même la " libération ", il était devenu " l′incarnation de la Vérité ". Désormais, résidant à Ojai en Californie, il parcourut le monde entier jusqu′à sa mort, prononçant des cycles de conférences suivies par des milliers d′auditeurs chaque fois. Son oeuvre est la transcription de ses conférences et entretiens, et ses ouvrages classés par thèmes reprennent les entretiens appropriés (le bonheur, l′éducation, l′éveil, etc.).

Guru Maître spirituel Krishnamurti a constamment refusé ces rôles. Il rejette systématiquement toute religion, car celle-ci ne peut constituer qu′un refuge et un obstacle à la recherche personnelle de la vérité. Partant de la constatation que, malgré ses progrès matériels, l′humanité n′en est pas moins restée violente et barbare, capable de se détruire, Krishnamurti considère que sa situation ne pourra changer que par l′évolution de chaque individu. Il demande à ses auditeurs de prendre leurs propres responsabilités et les renvoie à eux-mêmes, en adoptant l′attitude d′un chercheur partant du " non-savoir " et se mettant en quête avec eux, afin de leur permettre de se débarrasser de tout préjugé et d′accéder à l′auto-connaissance. 

Sur Krishnamurti  

Dans Les livres de ma vie (1957), Henry Miller consacre un chapitre à Krishnamurti (qu′il a découvert au travers de l′ouvrage de Carlo Suarès, Krishnamurti et l′unité humaine). En voici quelques citations : 

" Parmi tous les êtres de ce monde, Krishnamurti est celui dont la rencontre me semblerait être le privilège suprême... Sa carrière, unique dans l′histoire des dirigeants spirituels, nous fait penser à l′épopée de Gilgamesh. Il renonça au rôle auquel on l′a préparé. Il a écarté les disciples, rejeté les guides et les précepteurs. Il n′a institué ni foi ni dogme, a tout mis en question, a cultivé le doute (surtout dans les moments d′exaltation) et, à force, de luttes héroïques et de persévérance, s′est libéré de l′illusion et du tourbillon de l′orgueil, de la vanité et de toute forme subtile de domination sur les autres. Il a libéré son âme, si l′on peut dire, des régions inférieures et supérieures, l′ouvrant ainsi au "paradis des héros". "

" Un nom... se distingue entre tous, étranger à toute notion entachée de secret, de suspicion, de confusion, à toute notion de fausse érudition, d′esclavage intellectuel : ce nom, c′est celui de Krishnamurti, homme de notre temps dont on peut dire qu′il est rendu maître de la réalité - mais qui est aussi un être à nul autre pareil. " " Le seul rôle qu′il se permette de jouer c′est le sien, celui d′un être humain. [...] À mes yeux ce qui importe c′est que Krishnamurti s′impose à nous non comme professeur, non comme Maître, mais comme homme. "